Pâques 2019

Rénal Dufour

Est-il encore pertinent de célébrer la fête de Pâques dans un monde qui se sent en déroute? La terre ne semble pas pouvoir durer au rythme d’exploitation que les soifs humaines lui imposent.

Nombre de jeunes – et d’anciens! – annoncent une autre apocalypse.

Pour ne plus voir l’avenir qui vient, on s’abîme dans le présent, le moment présent, afin d’y goûter la joie et la paix au-delà des tumultes, des énervements de la vie de famille et du train d’enfer de la productivité et de la performance.

Or, les premières Pâques ont éclaté dans un pays occupé par une armée étrangère. Dans une population écrasée et humiliée. La rumeur du retour de Jésus à la vie après l’échec du Calvaire suscite une Église, une première communauté, très humble, loin du pouvoir que les romans à complots lui prêtent.

Certes, les premières communautés ignorent l’immensité du cosmos que les sciences actuelles explorent. Elles ignorent les techniques numériques qui suspendent l’espace et le temps et donnent, en temps réel, les manchettes qui effarent les populations branchées.

Mais, les gens des premières communautés connaissent l’angoisse de la violence et de l’échec. L’expérience qu’elles font de Jésus Vivant les mobilise, dans le temps présent, pour donner un avenir à l’Histoire. Les premières lueurs de Pâques éclairent les désirs d’une paix qui n’arrive que par la justice.

Pâques, c’est l’annonce qu’un avenir est possible pour lequel il importe de se compromettre, de se salir les mains et même, si besoin est, de choisir de s’y sacrifier. Au prix de Pâques.