Mon rêve

Martin Bouffard

Il y a quelques mois, j’ai fait un rêve. Laissez-moi vous mettre en contexte.

J’ai perdu un ami il y a plus d’une trentaine d’années à l’âge de 16 ans dans un accident d’auto, alors qu’il rentrait chez lui à Bellecombe. Le genre d’ami joueur de tours et boute-en-train. J’ai suivi mes cours de science en équipe avec lui. Matières que j’ai coulées mais pas lui. Le genre qui, pour faire un trait dans son cahier, se levait pour aller chercher le mètre du professeur près du tableau. Bref, un joyeux luron.  J’ai appris son décès à la radio alors que j’apprenais à conduire en compagnie de mon père. Il me manque beaucoup depuis ce temps. Quand on laisse un copain après l’école le vendredi soir, on ne s’attend pas à le revoir dans un cercueil trois jours plus tard. À 16 ans, la mort semble être un concept étranger pour nous, jeunes fous insouciants.

Donc une nuit, alors que j’étais profondément endormi, j’ai rêvé qu’une dame s’approchait de moi en me disant : « Veux-tu voir où se trouve ton ami? » Je lui répndis bien entendu par l’affirmative. Elle me dit : « Suis ce jeune homme. »  Je vis alors un jeune garçon de courte taille vêtu d’un chandail kangourou avec capuchon relevé sur la tête. Je ne pouvais donc pas voir son visage.  Il me fit signe de le suivre. Nous marchions dans une sombre forêt marécageuse, humide et accidentée. Il devait parfois m’attendre en me faisant signe de me dépêcher car j’avais peine à le suivre. L’ambiance était très lugubre. C’est alors qu’il s’arrêta et pointa du doigt un très beau paysage paradisiaque et ensoleillé. J’étais rassuré. Il était sûrement bien à cet endroit.  Nous ne pouvions nous y rendre car il y avait un muret qui nous empêchait d’aller plus loin. C’est alors que le jeune homme enleva son capuchon, se retourna et me fit un sourire resplendissant. C’était mon ami en personne que je suivais depuis tout ce temps.  Ce fut un rêve si réaliste et émouvant que j’ai encore de la difficulté à le raconter.

Salut Ken et merci, où que tu sois.