Le crucifix : un simple objet patrimonial?

Dorylas Moreau

Au cours des dernières semaines, en raison du projet de Loi 21 de notre gouvernement, divers avis divergents continuent d’être entendus sur les signes religieux. Et le crucifix qui figure au mur de l’Assemblée nationale n’est pas oublié. Je ne veux nullement prendre parti sur toute la question des signes religieux, mais précisément sur la symbolique du crucifix.

Je suis toujours irrité d’entendre de nombreuses voix autorisées, y compris celles de ministres et de députés responsables ainsi que des représentants formés du monde universitaire et collégial et du domaine artistique s’exprimer en réduisant cet objet religieux à un simple objet patrimonial.

On devrait savoir que le crucifix, pour l’ensemble des confessions chrétiennes, est un symbole fort d’identité religieuse et une référence claire pour tous les croyants et croyantes en Jésus Christ. Un crucifix, d’autant plus signifiant quand il arbore un «corpus» est beaucoup plus que du simple patrimoine mais constitue un symbole d’identification d’une croyance et d’une adhésion personnelle, familiale et sociétale au fils de Dieu.

Je comprends que la poussée de sécularisation de nos institutions québécoises et de laïcisation des biens d’Église font partie de la laïcité de l’État mais, de grâce, ne défigurons rien et ayons le courage de dire les véritables raisons de l’enlever ou de le déplacer sans le réduire à un objet accessoire, fut-il patrimonial ou non. Ayons le courage de dire les choses comme elles sont. Ce n’est qu’un symbole peut-être et le témoignage du Christ n’en sera nullement touché évidemment. Pour demeurer sur un simple plan laïc, reconnaissons que dans le passé chrétien québécois et dans une bonne partie du présent de notre histoire, le crucifix fait partie de la culture profonde du Québec et de ses institutions.

Le crucifix renvoie au mystère de vie du Christ, dans ce qu’il a de plus central, intime et de plus repérable et vénérable sur le plan historique : la mort de Jésus et l’offrande de sa vie pour la multitude des humains. Pensons-y