Qu’est-ce que je fais de ma souffrance ???

Ginette Harvey

Je lis une méditation dans le Prions en Église : « De la souffrance, il y en a plus qu’assez comme cela. L’évangile ne me demande certainement pas d’en rajouter. Mais il m’invite toutefois à assumer celle qui m’atteint, sans la transformer en méchanceté. »

Cela me plaît et m’interpelle. Qu’est-ce que ça veut dire assumer ma souffrance? Et qui plus est, l’assumer sans la transformer en méchanceté ? Je tente une réponse.

Quand j’ai mal, j’ai souvent de la difficulté à l’assumer. Vite !!! Me changer les idées ! Manger, dépenser, lire, dormir, bref, je compense ! Je fuis ma souffrance plutôt que de m’avouer que je suis déçue, triste, inquiète, frustrée, etc.! Pour moi, l’assumer serait d’accepter de demeurer un peu avec, demander à cette sensation psychologique douloureuse de me renseigner sur moi-même. Où est-ce que je la ressens dans mon corps : un serrement dans ma gorge, dans mon estomac, un poids sur mes poumons, une tension dans mon dos, etc.? En une phrase, je formule ce qui me fait souffrir pour bien en cerner la cause. Est-elle proportionnée aux évènements d’aujourd’hui ou si je reconnais une vieille blessure de mon passé qui se réactive régulièrement à la faveur des déclencheurs du quotidien ?

Et l’assumer sans la transformer en méchanceté ??? Je ne reconnais pas de méchanceté en moi, ni en qui que ce soit d’ailleurs ! Mais…quand je me sens atteinte, là, je me défends ! Je peux coller des étiquettes peu flatteuses à l’autre. Je peux lui rendre la monnaie de sa pièce et, tant qu’à faire, j’en rajoute un peu pour qu’il comprenne bien la leçon ! C’est l’escalade de la souffrance où chacun perçoit l’autre comme méchant.

Le drame, c’est que cela se produit souvent avec les plus proches, ceux-là même que j’aime. Et si je regardais l’autre comme souffrant, inconscient de quelque chose, comme cela m’arrive à moi aussi ?