NE PLEURE PAS…

Martin Bouffard

Vous l’avez peut-être appris à travers les branches. Ma maman est décédée récemment. Dans mon dernier billet intitulé Le Phare, je lui avais rendu hommage tout en faisant état de sa maladie.

En effet, le 13 mars dernier en début d’après-midi mon père et moi avons vu ma mère devenir un ange devant nos yeux. Tout au long de sa vie, elle a toujours eu une belle spiritualité et cette incroyable sérénité qu’elle affichait dans les dernières semaines nous incitait à être forts devant cette épreuve.

La dernière phrase qu’elle m’a chuchotée à l’oreille avant de pousser son dernier soupir fût << Ne pleure pas>>.

Ma mère est retournée dans sa ‘’maison de lumière’’ comme elle le disait si bien en nous laissant mon père et moi seuls face à nous-mêmes. Mon papa perdait son amour d’adolescence et moi, une maman toujours présente tout au long de ma vie. Un deuil que nous prévoyions déjà difficile dans des circonstances normales mais qui survenait le jour même où la pandémie prit de l’ampleur au Québec. Les familles ayant perdu un être cher durant les dernières semaines savent de quoi je parle. Vivre un deuil dans cette période de confinement ne fût pas évident. Pratiquement aucune activité pour se changer les idées ne serait-ce que l’espace d’un instant. Nous étions plongés à la fois dans un climat de tristesse causé par la perte d’un être cher mais également à cause de cette pandémie mondiale que nous vivions.

Un soir où j’étais au lit tout en essayant de trouver le sommeil, j’ai repensé aux derniers mots de ma mère à mon oreille : << Ne pleure pas.>> À bien y penser, ce sont les derniers, mais fort probablement les premiers mots qu’elle m’a chuchotés. Car comme nous le savons, le bébé pleure pratiquement toujours lorsqu’il vient au monde. Alors, j’imagine très bien ma maman la toute première fois qu’elle m’a prise dans ces bras murmurer à mon oreille << Ne pleure pas.>>

Merci maman. Repose-toi. Et ne t’inquiète pas, je veille sur papa.

À la mémoire de Françoise Roy (1946-2020)