Le Vide

Martin Bouffard

Depuis quelques temps, j’ai l’impression que le malheur me poursuit inlassablement. Après le décès de ma mère en mars, ce fut au tour de mon père d’aller la rejoindre quatre mois plus tard, soit en juillet. Victime du cancer également. Quand on connaît la magnifique histoire d’amour qui unissait mes parents depuis près de soixante ans, il est presque normal qu’il en fût ainsi. Je dirais que c’est même immensément beau, voire romantique.

Par contre, le défi pour l’enfant unique que je suis sera d’apprendre à vivre avec le vide qu’ils laissent derrière eux. La situation est presque irréelle. Pas le temps de faire le deuil de l’un que l’autre s’en va la rejoindre. Beaucoup de mes proches me demandent comment je vais et je réponds toujours : Un jour à la fois.

Le tourbillon de la paperasse des successions prend énormément temps. Je vis sur l’adrénaline. Mais c’est quand je me couche le soir et que tout devient silencieux que je réalise l’immense vide avec devant moi. Apprendre à vivre avec l’absence permanente de mes parents sera un défi colossal. Les gens voulant bien faire afin de me consoler ressortent souvent les phrases comme quoi ils sont toujours présents avec moi comme dans mon cœur. Oui, c’est vrai vous avez raison. J’y crois profondément. Cependant  rien ne remplace un baiser ou un câlin de votre mère quand ça ne va pas ou ne tape dans le dos de votre père pour vous encourager ou vous féliciter. Voilà. J’aurais aimé être plus joyeux cette semaine mais, que voulez-vous ? Parfois la vie nous apporte son lot d’épreuves et c’est à nous d’en comprendre la signification pour ressortir encore plus fort. Personne ne possède la formule magique pour m’aider.

C’est à moi-seul de vivre cette période avec force et introspection pour que finalement passe la tempête pour laisser place au soleil. Il paraît que le temps arrange les choses. Espérons-le… Je demeure confiant.

Réjean Bouffard (1947-2020)  Françoise Roy (1946-2020)