Le cadeau de la fragilité

Ginette Harvey

Plus s’additionnent mes étés, plus je ressens un bonheur subtil, mais profond et puissant, en prenant soin des fleurs fragiles du balcon. Je m’interroge…Comment se fait-il que ces demi-heures comptent parmi mes meilleurs moments de l’année ?

Me vient une réponse. Je reconnais cette sorte de bonheur comblant. C’est le bonheur de prendre soin de la fragilité. C’est celui des parents avec leur bébé, le bonheur des soignants, le bonheur de ceux qui luttent auprès des victimes d’injustice. Ce bonheur est aussi le moteur de ceux qui promeuvent des politiques d’égalité, qui assurent les services essentiels, le bonheur de ceux qui prient pour la protection des fragilités humaines, le bonheur de ceux qui contribuent à transmettre les lumières et l’espérance de l’Évangile.

Je constate que nous sommes ainsi faits, nous les humains: nous rendre utiles aux autres, surtout aux plus fragiles, nous rend heureux, nous donne une énergie surprenante !

Le coeur humain m’émerveille et je me dis que, vraiment, nous sommes créés à l’image de Dieu. Il met son bonheur à prendre soin de nous, créatures fragiles, tout en respectant notre autonomie et notre liberté.

Et si moi aussi, en mes fragilités, je pouvais susciter un bonheur profond chez des personnes de mon entourage ?

¨Une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion, mais qui se font proches et relèvent, puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. »

Pape François (Prier la Parole, Novalis, 2022, No 117, p.8)