La méconnaissance déjouée de belles façons

Lucie Trudel

Je me souviens, enfant, avoir été fortement intriguée par plusieurs tentes dressées de l’autre côté de la rivière Harricana habitées par des familles Anicinabek (Algonquine). L’idée de nous en approcher paraissait, à l’époque, incongrue. Quelle distance appauvrissante! Allions-nous vivre toute notre vie dans l’ignorance totale de ce peuple, proche mais resté « invisible » pour la majorité de la population du temps? Heureusement, cette période est révolue. Nous avons la chance maintenant, à travers des initiatives soutenues de leur part et en partenariat, d’avoir accès à une foule d’informations sur leur histoire, leurs traditions, leur langue, leur culture aniciabe, leurs fascinantes habiletés, créativité et débrouillardise. Tout cela présenté via internet, via le Centre d’archives du Québec à Rouyn-Noranda, via des rassemblements, des expositions, des rencontres, source d’enrichissement mutuel. L’organisme Minwashin développe, avec ténacité, des espaces de revitalisation et de valorisation de leurs arts et de leur culture, source d’une grande fierté propice à leur affirmation et à leur développement. L’exposition NiN (je suis) présentée récemment à l’UNESCO (Paris) demeure un pas signifiant. « Plusieurs personnes ne savaient pas qu’on existait encore. On va faire quelque chose de bien avec tout ça. On va marquer l’histoire » a souligné Richard Kistabish, président de l’organisme. Cette exposition NiN a le mérite de susciter des contacts, d’enrichir de connaissances les gens et les milieux, de rapprocher. Un événement à ne pas manquer, chez nous, renchérit Caroline Lemire avec enthousiasme.