La semaine sabbatique

Ginette Harvey

Récemment, j’ai traversé mon deuxième « confinement Covid ».  Ces temps de retraite, de repos, me sont salutaires. 

Comment installer, dans ma vie, de façon régulière, ces bienfaits de décrochage prolongé, sans me taper une maladie ? Je n’ai pas de chalet pour me retirer.  Aller une semaine dans le sud ? Je n’ai pas le goût d’investir  de l’argent, de consacrer plusieurs jours en préparatifs et en longs déplacements et pour me détendre une semaine au soleil.  À  mon avis, la peine emporte le profit.

Est-ce si compliqué de se reposer simplement chez-soi ? Dans un effort de volonté, j’ose décréter des semaines de retraite, chez-moi, régulièrement ! C’est vraiment à cela que j’aspire ! Je vais planifier ces semaines à l’agenda, j’annulerai toutes les activités non vitales. J’aviserai mon entourage que je ne serai pas disponible.

Deux questions demeurent:  a) à quelle fréquence ?  b) quels obstacles prévoir ?

Pour la fréquence, le récit de la création et la tradition judéo-chrétienne  m’inspirent une balance activité/repos qui me semble une juste mesure pour ma réalité de retraitée: les septièmes semaines du calendrier deviendront mes semaines sabbatiques.

Quant aux difficultés, je devrai me prendre au sérieux, savoir dire non et me choisir pour vrai, me permettant de déplacer la semaine de repos en cas de force majeure.  Pour me conforter et durer dans ma décision, je vais noter les profits de chaque semaine de retraite dans un cahier dédié.  Autre difficulté appréhendée: je risque d’être perçue originale, spéciale, voire bizarre, avec une connotation péjorative ?  J’accepte que n’ai pas de pouvoir sur les opinions des autres.

Le luxe du « repos sans raison médicale et sans voyage » n’a pas très bonne presse. Notre société priorise-t-elle le luxe du voyage ? De nos jours, sait-on encore se reposer ?