Question de dignité

Guy Boulanger

Les mœurs dans la société évoluent très rapidement. S’il y a quelques années à peine, nous entendions parler avec affolement des pratiques d’euthanasie dans certains pays, cette réalité est maintenant implantée ici (sous un autre nom) et est même vue par un nombre grandissant de personnes comme la façon la plus digne de mourir.

Si des cas extrêmes ont motivé la légalisation de cette pratique où un professionnel de la santé donne la mort à une personne souffrante, les motifs qui amènent à y recourir deviennent de plus en plus nombreux et ne semblent pas toujours aussi nobles.

Ainsi, ne devrait-on pas se demander ce qui est le plus digne? Refuser la souffrance ou chercher à y trouver un sens? Demander à mourir afin de ne pas être un fardeau ou entourer une personne qui est en perte de ses capacités? Refuser de dépendre des autres ou accepter que l’on prenne soin de soi avec amour? Ne pas occasionner trop de frais à la société ou être prêts à investir ce qu’il faut pour rendre la fin de vie plus douce?

Quand une personne songe au suicide, nous cherchons à la convaincre que la vie est précieuse. Comment se fait-il que lorsque l’on autorise un médecin à provoquer la mort de quelqu’un, ce geste devienne si simple et si digne? En abrégeant la vie, n’est-on pas en train de détruire la compassion, de miner la valeur de la vie humaine et de manquer l’ultime étape de l’existence qui nous prépare à une vie nouvelle?