Janvier 2020, j’ai eu le privilège de me joindre à un groupe de coopérants pour participer à un projet humanitaire en Tanzanie. Que faire dans ce pays d’Afrique que je ne connais pas ? Nous allions y construire un dortoir pour loger des étudiantes d’ une école secondaire catholique; avec pour objectif d’y accueillir, de façon sécuritaire, des jeunes filles albinos.

Pourquoi les albinos? Parce qu’ en Tanzanie, il y a une forte population d’albinos comparativement au reste du monde. Comme les rituels païens y sont très présents, la vie des albinos est menacée à cause de croyances qui attribuent des pouvoirs magiques ou guérisseurs aux organes des albinos; d’où des mutilations, des meurtres, des sacrifices humains et même le trafic d’organes à des fins de sorcellerie. Oui ça se passe encore de nos jours, principalement dans les milieux ruraux. L’ objectif de ce projet de coopération prenait alors tout son sens.

L’expérience vécue ne peut se décrire, elle se vit. Au-delà de la découverte d’un monde nouveau, (paysage, température, ethnies, culture, us et coutumes) c’est d’abord et avant tout une expérience profondément humaine, sans artifice, cœur à cœur; il n’y a pas de place pour le superficiel. Cette expérience de partage avec la population locale, ramène à l’essentiel. Elle permet une transformation intérieure, une modification de notre perception; elle permet de relativiser l’importance des choses et des événements.

Cette expérience d’ouverture, d’amour et d’humanité a été d’une intensité et d’une authenticité difficiles à exprimer; j’y ai vécu des moments de communion faisant fi de toutes nos différences. Et si c’était possible près de nous, dans notre milieu?

Il n’est pas nécessaire d’aller si loin; l’importance d’une mission ne se mesure pas au nombre de kilomètres parcourus mais à la rencontre et la découverte de l’autre.